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I. Hommes de Carthage, de tout temps maîtres de l’Afrique, aussi illustres par votre antiquité, qu’heureux sous la nouvelle face de votre empire, je me réjouis que vos jours soient assez prospères et qu’il vous reste assez de loisirs pour remarquer des vêtements. Ce sont là des fruits de la paix et de l’abondance. Du côté de l’empire, du côté du ciel, tout va bien. Toutefois, avouez-le, vous étiez vêtus d’autre façon anciennement. Vous portiez alors des tuniques que recommandaient la délicatesse de leur trame, l’éclat de leur pourpre, et la justesse de leurs formes. En effet, elles ne dépassaient point les cuisses ; elles ne s’arrêtaient point, contre la bienséance, au-dessus des genoux ; elles ne tenaient point les bras trop serrés, elles laissaient les mains libres ; comme elles serraient exactement le corps, on n’avait que faire de ceinture ; enfin, grâce à leur juste symétrie, elles allaient merveilleusement aux hommes. Quant au manteau, qui était l’habit extérieur, il avait quatre angles, se rejetait des deux côtés sur les épaules, se plissait autour du cou, et reposait sur les épaules, retenu par une agrafe. Il ressemblait à celui que portent aujourd’hui vos prêtres d’Esculape. Ainsi s’habillait dans votre voisinage Utique, votre sœur ; ainsi s’habillaient les Tyriens sur tous les points de l’Afrique.

Mais lorsque l’urne des destins du monde eut changé et que