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Carda, de fores (porte), et de cardo (gond), et chez les Grecs, Apollon Thyræen, et les démons Antéliens.

XIV. A plus forte raison le Chrétien se gardera-t-il de placer sur sa tète, que dis-je, sur le Christ lui-même, le sceau de l’idolâtrie, puisque « le Christ est le chef de l’homme, » chef non moins libre que le Christ lui-même, affranchi de tout voile, à plus forte raison de tout lien. La tête qui est assujettie au voile, celle de la femme, déjà couverte par ce voile, ne laisse plus de place à ce bandeau de la couronne : elle porte déjà le fardeau de son humiliation. Si « la femme ne doit point se montrer la tête nue, à cause des anges, » à plus forte raison, avec la tête couronnée, pourra-t-elle être un objet de chute pour tous ces couronnés. Qu’est-ce, en effet, que la couronne sur la tête d’une femme ? une enseigne de sa beauté ; une marque publique de sa mollesse ; une dernière apostasie de la pudeur ; un brasier de luxure. Conséquemment la femme, d’après le conseil de l’Apôtre, ne se parera point avec trop d’attention, « de peur que l’artifice de ses cheveux ne lui serve de couronne. » Mais, je te le demande, « celui qui est le chef de l’homme, » la beauté de la femme, Jésus-Christ, époux de l’Église, quelle couronne a-t-il portée pour l’un et l’autre sexe ? Une couronne, si je ne me trompe, formée d’épines et de chardons, pour figurer les péchés que la terre de la chair a produits pour nous, mais qu’a détruits la vertu de la croix, émoussant jusqu’aux derniers aiguillons de la mort par les souffrances de celui qui est notre chef et notre Seigneur. Assurément, outre ce qu’elle signifie, elle laisse assez voir l’outrage, la honte, le déshonneur et la barbarie qui, mêlés ensemble, ont souillé et déchiré les tempes du Seigneur. Couronne-toi maintenant de laurier, de myrte, d’olivier, et de quelque autre feuillage célèbre, ou, comme le veut la coutume, de rosés à cent feuilles choisies dans le jardin de Midas. Ajoute des lis de chaque espèce, des violettes de toute nature, et peut-être des perles et de l’or, afin d’imiter cette couronne