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chars et ceux-ci dans leurs chevaux. Pour nous, nous invoquerons le nom du Seigneur notre Dieu. » Jean, dans son Apocalypse, nous éloigne non-seulement de la demeure de Babylone, mais à plus forte raison de ses pompeuses vanités. La multitude se couronne aussi, tantôt pour fêter les triomphes et les prospérités des princes, tantôt pour célébrer les fêtes particulières à chaque municipe. La débauche est l’assaisonnement de toutes ces réjouissances publiques. Mais toi, « étranger dans ce monde, tu es le citoyen de la Jérusalem céleste. — Nous vivons déjà dans le Ciel, dit l’Apôtre. » Là sont les rôles où tu es inscrit ; là sont tes fastes ; tu n’as rien de commun avec les joies du siècle. Que dis-je ? Tu dois faire le contraire de ce qu’il fait. « Le monde, en effet, se réjouira, mais vous, vous pleurerez. Bienheureux d’ailleurs, s’écrie-t-il, bienheureux ceux qui pleurent, » et non ceux qui portent des couronnes ! Les époux portent encore des couronnes le jour de leurs noces. Aussi, ne contractons-nous point de mariage avec les païens, de peur qu’ils ne nous conduisent à l’idolâtrie, par laquelle ils commencent les noces. Tu as la loi des patriarches ; tu as l’Apôtre qui « t’enjoint de te marier dans le Seigneur. »

L’esclave que le monde affranchit se couronne également. Mais toi, « tu es racheté par le Christ, et même à un grand prix. » Comment le monde affranchira-t-il l’esclave d’autrui ? Quoique cet affranchissement s’appelle liberté, ce n’est au fond que servitude. Tout est imaginaire dans le monde ; il n’y a rien de vrai. Tout à l’heure, lorsqu’il semblait à l’homme que tu fusses libre, tu étais le racheté du Christ, et maintenant tu es l’esclave du Christ, quoique tu sois affranchi par l’homme. Si tu estimes véritable la liberté du siècle, jusqu’à le témoigner par la couronne que tu portes, tu es rentré sous la servitude de l’homme que tu prends pour la liberté, et tu as perdu la liberté du Christ que tu prends pour la servitude, Ne