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l’autorité de la nature, à titre de sagesse commune à tous, puisqu’ils sont hommes ; mais qu’ils reconnaissent aussi les gages de leur propre religion, puisqu’ils adorent de plus près le Dieu de la nature : et ainsi qu’ils examinent, comme par surcroît, toutes les autres raisons qui interdisent à notre tête les couronnes particulières, ou de quelque nature qu’elles soient. Car nous avons hâte de passer de la communauté de la discipline naturelle à la spécialité de la discipline chrétienne pour la défendre dans toute son intégrité ; nous parlerons donc des autres espèces de couronnes qui paraissent affectées à d’autres usages, comme étant formées d’une autre matière, de peur que, ne se composant pas de fleurs dont la nature a marqué l’usage (ainsi que cette couronne de laurier donnée au soldat), on ne croie qu’elles échappent aux prohibitions d’une secte, par là même qu’elles sont en dehors des prescriptions de la nature. Je m’aperçois donc qu’il faut traiter avec détails et au long cette matière, depuis son origine jusqu’à son progrès et sa fin. Les lettres humaines me sont donc nécessaires pour cette investigation : il faut convaincre le monde avec ses propres instruments.

Le peu que j’ai touché suffira, j’imagine. S’il exista jamais quelque Pandore, qui fut la première femme, au témoignage d’Hésiode, elle a été la première tête couronnée par les grâces, lorsque chacune la dota : de là son nom de Pandore. Chez nous, au contraire, Moïse, pâtre prophétique et, non poétique, nous représente Eve, la première femme, couvrant sa nudité de feuilles plutôt que son front de fleurs. De Pandore, il n’en exista donc jamais, Mais il faut rougir de l’origine de la couronne : elle est née du mensonge. Pénétrons maintenant dans la vérité de son origine. Il est constant que les Grecs l’ont inventée ou embellie. Suivant Phérécide, Saturne a été le premier qui ait été couronné. Diodore rapporte que Jupiter fut couronné après sa victoire sur les Géants ; le même poète donne