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on ne peut plus dire qu’il n’y a point délit, ou qu’il n’y a qu’un délit contestable dans la violation d’une coutume, qu’il faut maintenir par cela même qu’elle existe, et qui a pour elle l’autorité du consentement universel. Non pas qu’il ne faille en chercher la raison ; mais il faut le faire sans préjudice de l’observance, « pour l’édifier, et non pour la détruire, » afin de l’observer plus religieusement, lorsque tu seras assuré de sa raison. Mais quelle étrange manière d’agir, que de mettre en question une coutume, après l’avoir violée ! d’en demander la raison, après s’en être éloigné ! La révoquer en doute, pour montrer que l’on n’a point failli en désertant la coutume, c’est attester néanmoins que l’on a failli autrefois en l’adoptant comme une coutume. En effet, si celui qui a porté aujourd’hui la couronne n’a point prévariqué, il a prévariqué autrefois quand il l’a refusée. Voilà pourquoi ce traité ne s’adressera point à ceux que la question ne concerne pas, mais à tous ceux qui, au lieu d’avoir pris parti, poussés par le désir d’apprendre, demandent à être éclairés. Car il s’élève toujours des discussions. Pour ma part, j’aime cette foi qui a cru qu’il fallait pratiquer avant de savoir. Demander d’abord où il est écrit que nous ne devons pas porter de couronne, c’est chose facile. Mais où est-il écrit que nous devons en porter ? Ceux qui réclament l’autorité de l’Ecriture pour l’opinion qu’ils rejettent, décident d’avance que l’autorité de l’Ecriture doit venir également en aide à l’opinion qu’ils défendent, Car si vous arguez du silence de l’Ecriture qu’il est permis de porter une couronne, on retournera l’argument contre vous, en disant qu’il n’est pas permis de porter une couronne, parce que l’Ecriture ne l’ordonne pas. Que fera la discipline ? Recevra-t-elle l’un et l’autre comme non défendus ? Rejettera-t-elle l’un et l’autre comme non ordonnés ? — Mais ce qui n’est point prohibé est permis de soi-même, diras-tu.— Loin de là, ce qui n’est pas expressément permis, est prohibé.