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œuvres littéraires, soit par la pureté de ses mœurs, soit enfin par la pompe de sa sépulture ? D’où vient à l’âme ce laborieux désir d’être quelque chose après la mort Pourquoi tant d’efforts dont elle ne recueillera le fruit qu’après le trépas ? S’agiterait-elle si péniblement pour l’avenir, si elle n’avait aucun pressentiment de l’avenir ?

Mais peut-être la certitude qu’il reste quelque sentiment après la mort est-elle plus puissante chez toi que la résurrection à venir, qui soulève tant d’injures contre nous ; non, la résurrection est encore le cri de l’âme. Que l’on te demande des nouvelles d’un homme mort depuis longtemps, comme s’il vivait encore, aussitôt tu réponds : « Il est en voyage, mais il doit revenir. »

V. Ces témoignages de l’âme sont d’autant plus vrais qu’ils sont plus simples, d’autant plus simples qu’ils sont plus populaires, d’autant plus populaires qu’ils sont plus communs, d’autant plus communs qu’ils sont plus naturels, d’autant plus naturels qu’ils sont plus divins. Ces arguments, j’imagine, ne paraîtront ni frivoles ni puérils, pour peu que l’on réfléchisse à la majesté de la nature d’où l’âme emprunte son autorité. Plus on assigne à la maîtresse, plus on accorde à l’élève. La nature donne la leçon, l’âme la répète. Tout ce que la première enseigne, tout ce que la seconde apprend, émane de Dieu, c’est-à-dire du maître de la maîtresse elle-même. Qu’est-ce que l’âme peut se flatter de savoir sur cet instituteur souverain ? A toi de l’estimer, en interrogeant celle qui est en toi. Interroge celle qui te rend capable de sentir : tu la trouveras tantôt prophétesse de l’avenir, tantôt riche de pressentiments, toujours pleine de prévoyance. Faut-il s’étonner que, venant de Dieu, elle sache prédire ? Il faudrait s’étonner également quelle connût celui qui l’a formée. Circonvenue par son ennemi, elle se souvient encore de son Créateur, de sa bonté, de ses commandements, de sa propre destinée, et de la destinée de son adversaire. Quelle mer-