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qu’autant que l’on se rapproche du Chrétien, quoique pour peu que l’on montre de sagesse et de science réelles, soit en répudiant de vaines superstitions, soit en convainquant le siècle de mensonge, on ne soit plus qu’un Chrétien voué à l’infamie. Conséquemment, laissons de côté des lettres et une doctrine qui ne portent avec elles qu’une conviction mensongère, puisqu’on les croit plutôt quand elles prêchent l’erreur que quand elles annoncent la vérité. Abandonnons même ceux qui ont proclamé l’unité de Dieu. Que dis-je ? Ne nous appuyons sur aucune autorité qu’admette le Chrétien, afin de ne susciter contre nous aucun reproche. Car ces témoignages, tous ne les connaissent pas, ou, s’ils les connaissent, ils ne leur présentent pas encore une garantie suffisante. A plus forte raison, les hommes ne souscriront-ils pas à nos livres saints : on n’arrive à eux que déjà chrétien.

J’invoque aujourd’hui un témoignage nouveau, je me trompe, un témoignage plus connu que toutes les littératures, plus répandu que toutes les sciences, plus célèbre que tous les systèmes, plus grand que l’homme tout entier, c’est-à-dire ce qui constitue la plénitude de l’homme.

Viens donc, ô âme humaine, comparais devant nous, soit qu’il faille avec plusieurs philosophes te reconnaître pour une substance divine et éternelle, et par là même d’autant plus incapable de mentir ; soit qu’étrangère à la divinité, tu n’aies rien que de mortel, comme l’a professé le seul Epicure, et par là même obligée à plus de véracité ; soit que tu descendes du ciel ou que la terre te conçoive ; que les nombres ou les atomes composent ton être ; que tu naisses avec le corps ou que tu lui sois ajoutée après coup ; quels que soient tes éléments et ta nature, toujours siège de la raison, de l’intelligence et du sentiment ; réponds-moi. Mais ce n’est pas toi que j’appelle, ô âme, qui, formée dans les écoles exercée dans les bibliothèques et nourrie dans les académies ou les portiques de la Grèce, débites