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exclue de la philosophie, grâce aux poisons dont elle Ta infectée. Voilà pourquoi, à ce double titre, qui est l’ennemi de la vérité, nous nous sentons pressé de dégager les maximes communes à tous, de l’argumentation des philosophes ; ainsi que l’argumentation commune à tous, de leurs propres principes, en rappelant les questions aux Lettres divines, à l’exception toutefois de ce qu’il nous sera permis de prendre comme simple témoignage, sans le piège de quelque préjugé, parce qu’il est quelquefois nécessaire d’emprunter à son antagoniste un témoignage, quoiqu’il ne profite pas à l’antagoniste. Je n’ignore pas combien les philosophes ont entassé de volumes sur cette matière : le nombre de leurs commentateurs le dit assez. Que de principes contraires ! que de luttes d’opinions ! que de sources de difficultés ! quelle incertitude dans les solutions !

De plus, j’ai vu la Médecine, sœur de la Philosophie, comme on dit, travailler à établir qu’à elle principalement appartient l’intelligence de l’âme, par les soins qu’elle donne au corps. De là viennent ses dissidences avec sa sœur, parce qu’elle prétend mieux connaître l’âme en la traitant au grand jour, pour ainsi parler, et dans son domicile lui-même. Mais que nous importe le mérite de ces pompeuses réclamations ? Pour étendre leurs recherches sur l’âme, la Philosophie a eu la liberté de son esprit, et la Médecine la nécessité de son art. On va chercher au loin les choses incertaines ; d’éternelles disputes s’engagent sur des conjectures ; plus la difficulté de prouver est grande, plus il en coûte pour persuader ; de sorte que ce ténébreux Heraclite, en apercevant de plus épais brouillards chez tous ceux qui recherchaient la nature de l’âme, s’écria par fatigue de ces interminables questions : « J’ai parcouru tous les chemins, sans jamais rencontrer les limites de l’âme. » Le Chrétien, lui, n’a pas besoin de longs discours pour s’éclairer sur cette matière. La précision marche toujours avec la certitude ; il ne lui est pas permis de chercher plus qu’il ne doit découvrir. Car l’Apôtre « défend ces