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rien à l’autorité de Dieu ; elle fait de ses opinions les lois de sa nature. Je la supporterais, si elle me prouvait que, née avec la nature, elle en connaît tous les secrets. Elle a cru puiser sa science dans des lettres sacrées, comme elle les appelle, parce que l’antiquité a regardé comme des dieux, à plus forte raison comme des êtres divins, la plupart des auteurs : témoin Mercure l’Egyptien, que fréquenta principalement Platon ; témoin Silène le Phrygien, auquel Midas confia ses immenses oreilles, lorsque des pâtres le lui eurent amené ; témoin Hermotime, auquel les habitants de Clazomène érigèrent un temple après sa mort ; témoin Orphée ; témoin Musée ; témoin Phérécyde, maître de Pythagore. Mais que nous importe ? puisque ces philosophes ont dirigé leurs excursions sur des livres qui chez nous sont condamnés comme apocryphes, assurés que nous sommes qu’il ne faut rien admettre qui ne s’accorde avec la prophétie véritable et qui précéda le monde lui-même. Nous nous rappelons d’ailleurs les faux prophètes, et bien avant eux, les anges apostats qui ont inondé la face de l’univers du poison de leurs ruses et de leur malice.

Enfin, s’il est à présumer que tous ces hommes en quête de la sagesse ont interrogé les prophètes eux-mêmes, par simple curiosité, toutefois on rencontre chez les philosophes plus de dissonnance que d’accord, puisque l’on surprend beaucoup de différences dans les membres d’une même école. Rencontrent-ils des principes véritables et conformes aux prophètes ? ou ils leur donnent une autre autorité, ou ils les altèrent au détriment de la vérité, au secours de laquelle ils appellent le faux, ou qu’ils mettent au service de l’erreur. Ce qui nous divise nous et les philosophes, dans la matière présente surtout, c’est que tantôt ils revêtent d’arguments qui leur sont propres, mais opposés en quelque point à notre règle, des maximes communes à tous ; tantôt il fortifient des maximes qui leur sont propres par des arguments qui appartiennent à tous, et ont quelque conformité avec leurs principes : si bien que la vérité est à peu près