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de sa sagesse, qui ajournait l’anéantissement du démon dans le même but qu’elle ajournait le rétablissement de l’homme. Il ouvrit à ce combat de tous les jours une carrière suffisante, afin que l’homme écrasât son ennemi avec cette même liberté qui avait succombé aux assauts du démon : nouvelle preuve que la faute était à lui et non à Dieu ; afin qu’il reconquît dignement le salut par la victoire ; que le diable fût plus amèrement châtié, quand il serait vaincu par celui qu’il avait terrassé auparavant, et enfin que la bonté divine se manifestât dans sa plus haute évidence, en transportant au paradis l’homme couronné de gloire, l’homme qui devait sortir de la vie pour cueillir le fruit de l’arbre de vie.

XI. Ainsi jusqu’à la prévarication de l’homme, ta bonté divine avait seule paru. La justice, la répression, ou, pour parler le langage des Marcionites, la cruauté n’éclate qu’après sa chute. Dès-lors la femme est condamnée à enfanter dans la douleur et à obéir à un mari. Mais la femme, ne l’oublions pas, avait entendu auparavant sans mélange d’amertume, et au milieu des bénédictions, ces paroles prononcées pour la propagation de l’espèce humaine : « Croissez et multipliez. » Mais la femme avait été donnée primitivement à l’homme, pour être sa compagne et non son esclave. Dès-lors la terre est maudite. Mais cette même terre avait été bénie auparavant. Dès-lors les chardons et les épines ; mais auparavant, les herbes, les plantes, les fruits de toute espèce. Dès-lors le travail, et un pain arrosé de sueurs ; mais auparavant une nourriture sans labeur, fournie par chaque arbre, et des aliments sûrs et tranquilles. Dès-lors, l’homme rentre dans la terre ; mais auparavant il avait été formé de terre ; dès lors, il est condamné à mourir, mais auparavant il était fait pour la vie : dès-lors les vêtements de peau pour cacher sa honte, mais auparavant il était, nu sans scrupule. Ainsi la bonté de Dieu découlant de son essence, avait paru d’abord : la sévérité apparut ensuite, provoquée par le crime. L’