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aussi cette double route s’ouvre-t-elle devant la liberté.

S’il est vrai que la bonté et la sagesse divines caractérisent le don fait à l’homme, perdant de vue la première règle de la bonté et de la sagesse qui doit marcher avant toute discussion, n’allons donc pas condamner une chose d’après l’événement, ni décider en aveugles que l’institution est indigne de Dieu, parce que l’institution a été viciée dans son cours. Mais plutôt entrons dans la nature du fondateur qui a dû procéder ainsi. Puis, à genoux devant son œuvre, abaissons nos regards plus bas.

Sans doute, quand on trouve dès les premiers pas la chute de l’homme, avant d’avoir examiné sur quel plan il a été conçu, il n’est que trop facile d’imputer à l’architecte divin ce qui est arrivé, parce que les plans de sa sagesse nous échappent. Mais aussitôt que l’on reconnaît sa bonté dès le début de ses œuvres, elle nous persuade que le mal n’a pu émaner de Dieu, et la liberté de l’homme, dont le souvenir se présente à nous, s’offre comme le véritable coupable du mal commis.

VII. Par là tout s’explique. Tout est sauvé du côté de Dieu, c’est-à-dire l’économie de sa sagesse, les richesses de sa prescience et de son pouvoir. Cependant tu es en droit d’exiger de Dieu une grande constance, et une inviolable fidélité à ses institutions, afin que ce principe étant bien établi, tu cesses de nous demander si les événements peuvent maîtriser la volonté divine. Une fois convaincu de la constance et de la fidélité d’un dieu bon, constance, fidélité qu’il s’agit d’appuyer sur des œuvres empreintes de sagesse, tu ne t’étonneras plus que Dieu, pour conserver dans leur immutabilité les plans qu’il avait arrêtés, n’ait pas contrarié des événements qu’il ne voulait pas. En effet, si originairement il avait remis à l’homme, la liberté de se gouverner par lui-même, et s’il a été, digne de la majesté suprême d’investir la créature de cette noble indépendance, point que nous avons démontré,