Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/78

Cette page n’a pas encore été corrigée


CONTRE MARCION.
LIVRE II.

I. Le nouvel ordre de cet ouvrage dont nous avons annoncé les vicissitudes dans une courte introduction, nous a procuré un autre avantage, c’est qu’en discutant contre Marcion le double principe, il nous a été loisible d’assigner à chacun des deux, son titre et son livre spécial, conformément à la division de la matière ; par conséquent, ici de montrer qu’un de ces dieux n’existe pas, là, de venger les droits et la dignité du Dieu méconnu, puisqu’il avait plu à l’habitant du Pont d’introduire l’un et de bannir l’autre. Pouvait-il en effet édifier Je mensonge autrement que sur les ruines de la vérité ? Il lui fallut renverser ce qui existait déjà, pour élever son système. Il bâtit sur des chimères, parce que la réalité lui échappe. Il fallait discuter seulement ce point qu’il n’y a point d’autre dieu que le Dieu Créateur, afin que le faux dieu détrôné, on n’ait plus à s’occuper que du vrai Dieu à la faveur des règles certaines qui font connaître une divinité unique et parfaite. Ainsi, constater qu’il n’en existait pas d’autre, c’était d’abord prouver son existence. Ensuite il résultait de là que ce Dieu, quel qu’il fût, il convenait de le reconnaître sans controverse, de l’adorer et non de le juger, de travailler à nous le rendre favorable, plutôt que de le mettre en discussion ou de le redouter à cause de ses vengeances. En effet, quelle nécessité plus pressante pour l’homme que d’honorer le Dieu véritable qui se présente à lui pour ainsi dire, puisqu’il n’y en a pas d’autre.