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mêmes, autant que nous le pouvons, nous gardons l’abstinence et la continence. Que d’eunuques volontaires ! que de vierges fiancées au Christ ! que d’hommes et de femmes saintement stériles dans un mariage qui pourrait être fécond ! Que si dès cette vie même, les fonctions des membres peuvent se suspendre pour un temps, comme ils peuvent le faire dans une disposition qui n’est que temporaire, sans que l’homme en soit moins intact, à plus forte raison, quand l’homme sera sauvé, et surtout quand il s’agit d’une disposition éternelle, ne désirerons-nous point des choses que nous avons pris l’habitude de ne point désirer même ici-bas.

LXII. Mais la déclaration du Seigneur met fin à celle discussion : « Ils seront comme des anges. » Si cette ressemblance vient de ce qu’ils ne se marient plus parce qu’ils ne meurent plus, donc elle les affranchit également de toutes les autres nécessités corporelles. Autrefois, les anges ont paru sur la terre comme des hommes ; ils ont bu, mangé, lavé leurs pieds ; car ils avaient pris extérieurement la forme humaine, sans quitter au-dedans leur propre nature. Conséquemment, si les anges, devenus hommes à l’extérieur, se sont soumis dans leur substance spirituelle aux dispositions de la chair, pourquoi les hommes, devenus anges, ne prendraient-ils pas dans leur substance charnelle les dispositions de l’esprit ? Assurément, ils ne doivent pas être plus exposés aux besoins de la chair, sous l’apparence des anges, que les anges, sous l’apparence des hommes, n’ont été soumis à l’esprit. On ne peut pas dire non plus qu’ils ne demeureront pas dans la chair, parce qu’ils ne demeureront pas dans les besoins de la chair, puisque les anges n’ont pas laissé de conserver leur substance spirituelle, quoiqu’ils ne soient pas demeurés dans les habitudes de l’esprit. Enfin, Jésus-Christ n’a pas dit : « Ils seront des anges, » de peur de nier qu’ils dussent être hommes ; il a dit : « Comme des anges, » afin de les conserver toujours hommes. Leur attribuer la ressemblance,