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eux-mêmes ont inventé leurs rêveries ; et point de nations dissemblables du côté de l’âme et de la chair, sinon des nations qui croient et des nations qui ne croient pas ! De même donc que l’Apôtre avait établi entre elles une différence non de substance, mais de destinée, de même il distingua la chair qui chez toutes les nations est la même, non du côté de la matière, mais de la récompense.

LX. Mais voilà que, pour fortifier la controverse, nos adversaires argumentent contre cette même chair, en lui opposant les fonctions qui lui sont propres. « Les membres, disent-ils, ayant été destinés au corps, doivent nécessairement poursuivre leurs opérations et leurs exercices. » Ou bien, est-il certain que ces membres n’aient plus ces fonctions, dès-lors ils suppriment le corps, parce qu’il n’est pas à croire que le corps subsiste sans ses membres, ni les membres sans leur fonction. « A quoi bon, poursuivent-ils, cette ouverture de la bouche, cette rangée de dents, ce canal de la gorge, ce carrefour de l’estomac, ce gouffre du ventre, ce tissu prolongé des entrailles, quand on n’aura plus besoin ni de manger ni de boire ? Pourquoi des membres qui reçoivent la nourriture, la broient, la divisent, la précipitent, la digèrent, l’expulsent ? Pourquoi ces pieds, ces mains, et tous ces membres destinés au travail, puisque dès-lors cesseront les nécessités de la vie ? Pourquoi des reins gonflés par la semence, pourquoi les deux sexes, pourquoi le laboratoire de la conception et la source des mamelles, puisque la génération, l’enfantement et l’allaitement n’existeront plus ? En un mot, pourquoi le corps tout entier, puisque le corps tout entier deviendra inutile ? »

Pour répondre à ces objections, nous avons déjà établi qu’il ne faut pas confondre les dispositions de l’avenir avec celles du présent, parce que dans l’intervalle il s’opérera une transformation. Nous ajoutons maintenant que ces fonctions