Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/554

Cette page n’a pas encore été corrigée

même qu’elle est détruite si elle ne ressuscite pas, de même elle a beau ressusciter, elle périt également si elle disparaît dans ce changement. Car elle ne subsistera pas plus que si elle n’était pas ressuscité. Quelle absurdité de croire qu’elle ressuscite pour n’être plus, puisqu’elle a pu cesser d’être en ne ressuscitant pas, ayant déjà commencé de n’être plus ! Des choses absolument différentes, le changement et la destruction, ne se confondront pas : elles diffèrent également par leurs opérations ; celle-ci perd ; celui-là transforme. De même donc que ce qui est détruit n’est pas changé, ainsi ce qui est changé n’est pas détruit. Etre détruit, c’est n’être plus rien de ce que l’on a été ; être changé, c’est être autrement. Or, en étant autrement, on peut être le même ; car ce qui n’est pas détruit peut subsister. Il a subi un changement, mais non la destruction.

Il est si vrai qu’une chose peut changer et être néanmoins la même, que l’homme en restant toujours ici-bas substantiellement le même, change cependant à plusieurs reprises d’extérieur, de forme, de santé, de situation, de mérite, d’âge, de goût, d’affaire, d’industrie, de biens, de lois, de mœurs, et cela sans rien perdre de l’homme, sans devenir tellement un autre qu’il ne soit plus le même : que dis-je ? il devient non pas autre, mais autre chose.

Les témoignages divins nous attestent aussi la forme de ce changement : la main de Moïse change ; elle est comme morte, privée de sang, décolorée et froide. Mais que la chaleur lui revienne, elle reprend sa couleur ; c’est cependant la même chair et le même sang. Ensuite son visage change, environné de clartés que l’œil ne peut soutenir. Cependant cet homme qu’on ne voyait plus était toujours le même Moïse. De même Etienne avait déjà revêtu la gloire des anges, mais les genoux qu’il ployait en terre pendant qu’on le lapidait n’étaient pas différents. Notre Seigneur lui-même, retire à l’écart sur la montagne, avait changé ses vêtements en rayons de lumière ; mais