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Donc la mort aussi, dis-tu, ne laissera pas de subsister, quoique dévorée. Les termes sont communs, il est vrai ; mais juge d’après le sens, et tu comprendras comme il faut. Autre chose est la mort, autre chose ce qui est mortel. De là il suit que la mort sera dévorée d’une manière, et ce qui est mortel de l’autre. La mort ne comporte pas l’immortalité ; ce qui est mortel l’admet. Enfin il est écrit : « Il est nécessaire que ce corps mortel revête l’immortalité. » Comment donc la reçoit-il ? « Parce qu’il est dévoré par la vie. » Comment est-il dévoré par la vie ? Lorsqu’il est reçu, réduit et enfermé dans elle-même. Au reste, c’est avec justice que la mort est dévorée pour ne plus subsister, parce qu’elle-même ne dévore que pour anéantir. « La mort, en triomphant, a dévoré ; voilà pourquoi elle a été dévorée elle-même dans la lutte.--- Ô mort, où est ton aiguillon ? ô mort, où est la victoire ? » Conséquemment la vie qui est l’antagoniste de la mort, absorbera dans cette lutte, pour le sauver, ce que la mort avait absorbé dans la lutte pour le détruire.

LV. Quoique, en prouvant que la chair ressuscitera, nous prouvions par là même qu’il n’en ressuscitera point d’autre que celle dont il s’agit, cependant chaque proposition et les motifs qui s’y rattachent réclament une discussion spéciale, bien qu’ailleurs nous les ayons déjà réfutés. Nous expliquerons donc avec plus de développement la vertu et le mode d’un changement qui semble presque fournir la présomption qu’une autre chair ressuscitera, comme si être changé c’était finir à jamais ci périr dans tout ce que l’on était auparavant. Il faut distinguer le changement d’avec tout ce qui ressemble à la perle de l’être ; autre chose en effet est le changement, autre chose l’anéantissement de l’être. Or, la différence n’existe plus si le changement de la chair est de telle nature qu’elle s’anéantit, et elle s’anéantira dans ce changement, si elle ne demeure pas dans ce changement la même qu’elle a été représentée dans la résurrection. De