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elle devient ensuite corps spirituel par la réception de l’esprit. Tel est l’ordre que l’Apôtre a suivi, et qu’il distingue si bien dans Adam et dans Jésus-Christ, comme un des points fondamentaux de la distinction elle-même. Et lorsqu’il appelle le Christ le nouvel Adam, reconnais-le, il a déployé toute la vigueur de la doctrine pour établir non la résurrection de l’ame, mais celle de la chair. En effet, Adam, le premier homme, fut chair et non pas âme, puisque « il n’a été créé qu’ensuite âme vivante ; » et le nouvel Adam, le Christ, n’est Adam que parce qu’il est homme, n’est homme que parce qu’il est chair et non pas âme. Voilà pourquoi l’Apôtre ajoute : « Mais ce n’est pas le corps spirituel qui a été formé le premier ; c’est le corps animal et ensuite le spirituel, » suivant l’un et l’autre Adam. Pourquoi, je te prie, distingue-t-il le corps animal et le corps spirituel dans la même chair, après avoir commencé par établir cette distinction dans l’un et l’autre Adam, c’est-à-dire dans l’un et l’autre homme ? Par quelle substance le Christ et Adam se ressemblent-ils ? Par la chair, quoique aussi par l’âme. Mais c’est par la chair qu’ils sont hommes tous deux. La chair a été homme la première. C’est par elle qu’ils ont pu établir l’ordre en vertu duquel l’un est nommé le premier et l’autre le second homme, c’est-à-dire le premier et le second Adam.

D’ailleurs, des choses de nature différente ne peuvent prendre rang entre elles, par rapport à la substance du moins ; peut-être l’admettent-elles à l’égard du lien, du temps et de la condition. Ici, an contraire, c’est par la substance de la chair qu’ils ont été nommés « le premier et le second, » de même que l’Apôtre ajoute : « Le premier homme est le terrestre ; le second est le céleste ; » parce que, quoique descendu du ciel selon l’Esprit, il est homme selon la chair. Par conséquent, comme dans l’un et l’autre Adam, c’est un ordre qui convient à la chair et non à l’âme, que ces deux hommes soient distingués, le « premier en âme vivante, le second en esprit vivifiant, » de la distinction