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Cloacine, un Hostilius à la Peur, un Métellus à Alburne, tout récemment un souverain à Antinous, passons-leur ces ridicules apothéoses : c’étaient au moins des consuls, c’étaient des empereurs. Mais le pilote Marcion, nous le connaissons !

XIX. A la bonne heure, répliquent les Marcionites ! Notre dieu ne s’est pas révélé dès le berceau du monde ; il ne s’est pas révélé par des œuvres palpables. Mais en vertu de sa propre puissance, il s’est manifesté dans la personne de Jésus-Christ.

Nous consacrerons au Christ et à l’économie de la rédemption un livre particulier, car il est bon de distinguer les matières, afin de les traiter avec plus d’ordre et de développement. Pour le moment, il nous suffira, d’opposer à l’assertion nouvelle la démonstration que le Christ n’est la vivante empreinte d’aucun autre dieu que du Dieu créateur. Je le ferai en peu de mots.

La quinzième année de Tibère, Jésus-Christ daigna descendre du ciel, esprit de salut et de rédemption. En quelle année l’ardente canicule a-t-elle vomi hors du Pont le salutaire météore de l’hérétique, ainsi le veut son système ? J’ai estimé cette investigation superflue. Toutefois on est d’accord sur ce point. Cette monstrueuse invention appartient au règne d’Antonin : l’impie a paru sous le monarque pieux. Puisque Marcion le premier a introduit un dieu non avenu jusque-là, dès-lors la vérité est manifeste pour tout esprit raisonnable. Les époques proclament, qu’un dieu, apparu pour la première fois sous Antonin, n’apparut point sous Tibère, par conséquent, que ce n’est pas le Christ qui a révélé le dieu promulgué la première fois par Marcion.

Pour compléter cette preuve, j’emprunterai ce qui suit à nos adversaires eux-mêmes. Marcion a séparé la loi ancienne de la loi nouvelle : voilà son chef-d’œuvre à lui, sa recommandation distinctive. Ses disciples nieront-ils ce qui est écrit au frontispice de leur livre, sorte d’initiation pour les