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détermine cet exemple. Parce qu’il est écrit ensuite : « Ce que vous semez, ce n’est pas le corps même de la plante qui doit venir que vous semez, » ne va pas croire que le corps qui doit ressusciter soit diffèrent de celui qui est semé par la mort. D’ailleurs tu t’éloignerais de ce que détermine l’exemple. En effet, quand le froment a été semé et dissous dans la terre, ce n’est pas de l’orge qui en sort, mais un grain de forme, d’espèce et de nature semblables à celui qui a été semé. Enfin d’où vient-il, s’il n’est pas le même ? La corruption du grain c’est lui-même, puisqu’il renaît de lui-même.

Toutefois l’Apôtre ne déclare-t-il pas comment ce corps qui est semé ne sera pas celui que l’on recueillera un jour, quand il dit : « Mais le grain seulement, par exemple, du blé ou de quelque semence. Et Dieu lui donne un corps tel qu’il lui plaît. » C’est sans doute à ce grain que l’on seine seulement, selon l’Apôtre. Sans doute, dis-tu. Donc ce grain auquel Dieu donne un corps ne périt pas. Mais comment ne périt-il pas, s’il n’est plus ? s’il ne se relève pas ? s’il ne se relève pas le même ? S’il ne se relève pas, il périt ; s’il périt, il ne peut recevoir de Dieu un corps. Cependant il est certain de toute manière qu’il ne périt pas. Pourquoi donc Dieu lui donnera-t-il un corps tel qu’il lui plaît, lorsqu’il a déjà en propre un corps nu, sinon pour qu’il ressuscite n’étant plus nu ? Ainsi ce qui s’élève sur le corps du grain y est ajouté ; le corps du grain n’est pas anéanti par ce qui s’y ajoute ; il est simplement augmenté. En effet, on sème seulement le grain sans le vêtement de son enveloppe, sans le soutien de son épi, sans la protection de ses barbes, sans la grâce de sa lige ; mais il se relève avec une abondance pleine d’usure, dans une forme solide, disposé avec ordre, défendu pur su parure et enveloppé de toutes parts. Voilà tout ce qui compose cet autre corps que Dieu lui donnera, par une transformation qui, au lieu de l’anéantir, l’accroît. A chaque semence Dieu assigna son corps, non pas son