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sa volonté. Plus haut, en effet, il dit : « La mort sera le dernier ennemi qui sera détruit. » C’est en ce sens « que la corruption n’obtiendra pas l’héritage de l’incorruptibilité. » Que veut-il dire ? La mort ne durera pas. Quand et comment cessera-t-elle ? « En un moment, en un clin d’œil, au son de la dernière trompette, lorsque les morts ressusciteront incorruptibles. » Qui seront ces morts, sinon ceux qui auparavant ont subi la corruption ? En d’autres termes, le corps, ou la chair et le sang. « Alors nous serons changés. » De quel état serons-nous changés, sinon de celui dans lequel nous aurons été trouvés ? « Car il faut que ce corps corruptible soit revêtu d’incorruptibilité, et que ce corps mortel soit revêtu d’immortalité. » Qu’est-ce que ce corps mortel sinon la chair ? Qu’est-ce que ce corps corruptible sinon le sang ?

Et afin que tu n’imagines pas que l’Apôtre veuille parler d’autre chose, vois avec quelle attention pour toi et par quels efforts il cherche à te faire comprendre qu’il désigne la chair. Quand il prononce « ce corps corruptible, ----ce corps mortel, » il touche sa propre chair. Assurément il n’a pu dire ce corps que d’un corps place sous ses yeux et manifeste. Ce mot est de quelqu’un qui montre un corps. Autre chose est un corps corruptible, autre chose la corruption : autre chose est un corps mortel, autre chose la mort, puisque autre est ce qui souffre, autre ce qui fait souffrir. Conséquemment, ce qui souffre la corruption et la mort, c’est-à-dire la chair et la sang, doivent recevoir nécessairement l’incorruptibilité et l’immortalité.

LII. Examinons maintenant quel corps doivent reprendre les morts, suivant l’Apôtre. Heureusement il commence par le déclarer, comme si quelqu’un lui adressait celle question : « Insensé, dit-il, ce que vous semez ne prend point vie, s’il ne meurt auparavant. » Qu’on tienne donc pour certain que la chair qui reçoit la vie est la même qui aura éprouvé la mort. Dès-lors ce qui suit deviendra clair. Car il ne faudra rien entendre contre ce que