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encore par ce qui suit que ce n’est pas la chair, mais les œuvres de la chair, que l’Apôtre condamne. « Ainsi, mes frères, dit-il, nous ne sommes point redevables à la chair, pour vivre selon la chair. Que si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si vous faites mourir par l’esprit les actes de la chair, vous vivrez. » Or, pour répondre à chaque difficulté, si le salut est promis à ceux qui, quoique dans la chair, vivent néanmoins selon l’esprit, dès lors ce n’est plus la chair qui est un obstacle au salut, mais l’opération de la chair. Bannissez l’opération de la chair qui est la cause de la mort, aussitôt la chair est sauvée, n’ayant plus en elle de cause de mort. « Parce que la loi de l’Esprit, dit-il, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort, » de cette même mort certainement dont il a dit tout à l’heure, « qu’elle habite dans nos membres. » Donc nos membres ne seront plus asservis à la loi de la mort, parce qu’ils ne sont plus asservis à la loi du péché, affranchis de l’une et de l’autre. « Car, ce qu’il était impossible que la loi fît, la chair la rendant faible et impuissante, Dieu l’a fait lorsqu’ayant envoyé son propre Fils revêtu d’une chair semblable à celle du péché et victime pour le péché, il a condamné le péché dans la chair, » et non par la chair dans le péché. La maison, en effet, ne sera pas condamnée avec son habitant. L’Apôtre ayant dit que « le péché résidait dans notre corps, » la condamnation du péché devient l’absolution de la chair, de même que l’absolution du péché asservit la chair à la loi de la mort et du péché. C’est encore dans ce sens que l’Apôtre « appelle du nom de mort et d’ennemi de Dieu l’amour des choses de la chair, » niais non la chair elle-même.

—- Mais à quoi donc, diras-tu, faudra-t-il imputer l’amour des choses de la chair, sinon à la chair elle-même ?

—- Je te l’accorde, si tu me prouves que la chair a de son propre fonds quelque discernement. Mais si elle n’en. a aucun sans l’âme, comprends donc qu’il faut rapporter à