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lui reste que le titre de cadavre. Ainsi ce nom d’homme est, pour ainsi parler, la chaîne de deux substances étroitement liées ensemble : tant qu’il subsiste, elles ne peuvent être qu’unies. D’ailleurs, l’Apôtre veut que nous entendions par cet homme intérieur, non pas tant l’âme que l’esprit et le cœur, en d’autres termes, non pas la substance elle-même, mais la saveur de cette substance. Ainsi, quand il écrit aux Ephésiens : « Le Christ habile dans l’homme intérieur, » il a voulu dire que la vie de notre Seigneur doit commencer en nous par les sens. Enfin, il ajoute : « Par la foi dans vos cœurs et par l’amour, » séparant ainsi la foi et la charité de la substance de l’âme pour en faire une de ses conceptions ; mais en disant « dans vos cœurs, » dont la substance est de chair, il attribue à la chair l’homme intérieur lui-même, qu’il place dans le cœur. Examine maintenant dans quel sens il a dit « que l’homme intérieur se détruit, tandis que l’homme extérieur se renouvelle de jour en jour. » Ne va pas prétendre qu’il entend par là celle corruption que la chair subira pour toujours, selon loi, depuis le jour de sa mort : il s’agit seulement de ce qu’elle éprouvera dans le cours de celle vie, avant la mort et jusqu’à la mort, par des outrages, des tribulations, des tortures et des supplices pour le nom de Jésus-Christ. C’est ici-bas que se « renouvellera l’homme intérieur » par la protection de l’Esprit, avançant « de jour en jour » dans la foi et la discipline, mais non dans le monde qui suivra la résurrection ; car alors nous ne serons pas renouvelés « de jour en jour, » mais une seule fois et pour l’éternité : apprends-le de ce qui suit : « Les afflictions si courtes et si légères de la vie présente produiront pour nous de degré en degré le poids éternel d’une sublime et incomparable gloire. Ainsi, nous ne considérons point les choses visibles, » c’est-à-dire les souffrances, « mais les invisibles, » c’est-à-dire les récompenses ; « car les choses visibles sont passagères, mais les invisibles sont éternelles. » En effet, il veut que nous