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a une pour l’empire des Juifs. Enfin, le rétablissement des Juifs figuré par ces os, qui reprennent leurs corps et se raniment, est un témoignage de ce que les os éprouveront eux-mêmes. Les os ne pourraient fournir un symbole, si ce symbole lui-même ne devait se réaliser en eux. Car si la représentation réside dans l’image de la vérité, et l’image elle-même dans la vérité de l’être, il est nécessaire que la chose existe pour elle-même avant de servir d’image à un autre.

La similitude ne se fonde pas sur le vide ; la parabole sur le néant. Il faudra donc croire que les os revivront et s’animeront comme il est dit, afin que cet événement puisse s’appliquer au rétablissement des Juifs, tel qu’on le suppose.

Mais il est plus conforme à la religion d’expliquer la vérité d’après l’autorité d’une interprétation simple, telle que la réclame le sens de ce tableau divin. Si la vision se rapportait à la situation des Juifs, il n’aurait pas plutôt mis sous les yeux de son prophète le champ de la mort, qu’il se fût hâté de lui dire : « Ces os, c’est toute la maison d’Israël, » et ce qui suit. Mais Dieu, après lui avoir montré ces ossements, parle de l’espérance de la résurrection. Il n’a pas encore nommé Israël, qu’il tente la foi de son prophète : « Fils de l’homme, ces os vivront-ils ? » afin qu’il lui répondît : « Seigneur, tu le sais. » Le Seigneur n’aurait point tenté la foi de son prophète sur une chose qui n’eût pas dû avoir lieu, dont Israël n’eût jamais entendu parler, et qu’il n’eût pas fallu croire. Mais la résurrection des morts ayant été d’une part déjà annoncée ; de l’autre, Israël, par son incrédulité, sa scandalisant de cette vérité, et, les yeux attachés sur la pourriture des tombeaux, désespérant de cette résurrection ; ou plutôt, Israël n’élevant point son esprit jusqu’à la vérité de la résurrection, mais s’arrêtant à ses circonstances, que fait Dieu ? Il met sous les yeux de son prophète, qui avait lui-même quelques doutes, le tableau de la résurrection, afin de l’