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comme sur les injustes. » Trop heureuse vraiment la foi, si elle recevait la récompense dont les ennemis de Dieu et de son Christ non-seulement usent, mais abusent « en adorant la créature au détriment du Créateur ! » Quoi ! tu prendras de vils légumes par les biens de la terre, quand notre Seigneur a déclaré « que l’homme ne vit pas seulement de pain ? »

Ainsi les Juifs, en n’espérant qu’aux biens de ce monde, perdent les biens du ciel ; ils ne connaissent ni la promesse d’un pain céleste, ni l’huile de l’onction divine, ni le vin de l’esprit, ni cette eau qui coule de Jésus-Christ, notre vigne mystérieuse, pour fortifier notre ame. De même, ils veulent que la terre ne soit que le sol de la Judée, proprement dite, tandis qu’il faut entendre par elle la chair de notre Seigneur, qui conséquemment dans tous ceux qui ont revêtu le Christ est la terre sainte, véritablement sainte par la présence de l’Esprit saint ; terre « où coulent véritablement le lait et le miel » par la douceur de ses espérances ; Judée véritable par les augustes communications de Dieu ; « car le Juif n’est pas celui qui l’est au dehors, mais celui qui l’est intérieurement ; » de sorte qu’elle est le sanctuaire de Dieu et la Jérusalem qui a entendu ces mots d’Isaïe : « Lève-toi ! lève-toi, Jérusalem ; arme-toi de la force de ton bras ; lève-toi semblable à ce que tu étais au commencement des jours, » c’est-à-dire dans cette innocence qui précéda la prévarication. En quoi les paroles de cette invitation ou exhortation conviendront-elles à celle Jérusalem qui « égorgea les prophètes, lapida ceux qui lui furent envoyés, et enfin crucifia le Seigneur lui-même ? »

D’ailleurs, il n’est pas de terre à laquelle le salut ait été promis, puisqu’elle est condamnée « à passer avec toute la figure de ce monde. » Il y a plus. Osât-on soutenir que la terre sainte doit s’entendre plutôt du paradis, que l’on peut nommer la terre de nos premiers parents Adam et Eve, il s’ensuivra que le retour dans le paradis semble avoir