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parte du trône de Dieu, et qu’alors, sur les cendres de tous les éléments, s’ouvre pour la résurrection universelle le livre des sentences. Puisque les catastrophes des derniers temps sont consignées dans les Ecritures qui établissent à la fin des siècles la moisson tout entière de l’espérance chrétienne, il en résulte évidemment deux choses. D’abord, ou c’est seulement à cette époque que nous verrons s’accomplir tout ce qu’a promis le Seigneur, et alors la résurrection des hérétiques dans la vie présente devient inutile. Ou bien si la connaissance du mystère est une résurrection, elle ne préjudicie en rien à celle qui est annoncée pour la fin des temps. Il y a mieux. La résurrection spirituelle devient par là même un préjugé de la résurrection corporelle. En effet, si aucune n’avait été prédite pour la fin des temps, on pourrait à bon droit revendiquer la résurrection comme unique, et seulement spirituelle. Mais la résurrection étant annoncée pour la fin des temps, elle ne peut s’entendre que de la résurrection corporelle, parce qu’il n’y a pas de résurrection spirituelle annoncée pour cette époque. Pourquoi, en effet, annoncer deux fois une résurrection de même nature, c’est-à-dire spirituelle, puisqu’il lui conviendrait de s’accomplir, ou dès ce monde sans aucun intervalle de temps, ou alors vers la consommation dernière des siècles ? Par conséquent, il nous appartient plutôt de défendre la résurrection spirituelle qui naît de l’introduction à la foi, nous qui attendons à la fin des siècles la plénitude de cette même résurrection.

XXVI. A l’objection précédente que les Ecritures sont allégoriques, je n’ai plus qu’une chose à répondre, c’est que le langage figuré des prophètes nous est lui-même un témoignage de la résurrection des corps. En effet, l’oracle divin en prononçant, à l’origine des choses, que l’homme est terre : « Tu es terre et tu retourneras dans la terre, » en vertu de cette substance qui, empruntée à la terre, avait la première reçu le nom d’homme, ainsi que nous l’avons démontré, cet oracle me donne le droit d’appliquer à la chair