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entendre par la résurrection de l’esprit, qui seul est capable de s’élever jusqu’aux choses du ciel : si nous les possédions dès cette terre, seraient-elles l’objet de nos recherches et de nos désirs ici-bas ? « Vous êtes morts, » ajoute-t-il, morts au péché, mais non dans votre corps, et « votre vie est cachée en Dieu avec Jésus-Christ. » Vous n’avez donc pas la jouissance d’une vie qui est encore cachée.

Même langage de la part de Jean. « Ce que nous serons un jour ne paraît pas encore. Nous savons seulement que quand le Seigneur viendra dans sa gloire, nous serons semblables à lui. » Tant nous sommes loin d’être ce que nous ignorons, et ce qu’assurément, nous connaîtrions si nous l’étions déjà ! Nouvelle preuve qu’il s’agit ici d’une intuition de la foi dans Je siècle présent, mais non d’une félicité déjà consommée ; d’une attente, mais non d’une possession. Cette attente, cette espérance, Paul les rappelle en ces termes aux Galates : « Mais nous, c’est par l’esprit et en vertu de la foi que nous espérons recevoir la justice. » Il n’a pas dit : Nous sommes en possession. Or, il entend par justice celle que Dieu nous rendra dans ce jugement final qui nous assignera notre récompense, et que l’Apôtre attendait pour lui-même, lorsqu’il dit aux Philippiens : « Si j’ai le bonheur d’avoir part à la bienheureuse résurrection d’entre les morts, non que j’aie atteint déjà jusqu’à cette félicité, ou que je sois déjà parfait. » Et assurément il avait la foi, il connaissait tous les mystères de la sainte doctrine, ce vase d’élection, cet apôtre des Gentils. Toutefois il ajoute : « Mais je poursuis ma course pour tâcher de parvenir où Jésus-Christ m’a destiné en me prenant. » Il va plus loin : « Non, mes frères, je ne pense point être encore arrivé au but. Mais tout ce que je prétends, c’est qu’oubliant ce qui est derrière moi et m’avançant vers ce qui est devant moi, je m’efforce d’atteindre le but pour remporter le prix auquel j’ai été appelé d’en haut, » c’est-à-dire la résurrection des morts, mais en son temps, comme l’attestent encore