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cités, les nations et les monarques, les décrets de Dieu, qui cependant n’étaient que personnels, temporaires et bornés à des localités, comment s’imaginer que des dispositions éternelles en elles-mêmes, et dont l’universalité embrasse le genre humain, se soient dérobées à leurs propres lumières ? Non, plus elles sont merveilleuses, plus elles devront s’environner de clartés, afin qu’on croie mieux à leur grandeur. Au reste, on ne saurait attribuer à Dieu la jalousie, la ruse, l’inconstance, ni l’artifice, à travers lesquels se jouent la plupart du temps les proclamations des princes.

XXII. Ensuite il faut jeter les yeux sur les Ecritures, qui ne permettent pas de penser avec ces hommes animaux, car je ne puis pas les appeler spirituels, que la résurrection ne soit ici-bas que la connaissance de la vérité, ou qu’elle s’accomplit immédiatement après la mort. Les temps de notre félicité étant déterminés dans les saintes et vénérables Lettres, sans qu’il soit permis de la fixer, avant le dernier avènement du Christ, nos vœux appellent la fin du siècle présent, et demandent à ce monde de passer « au grand jour du Seigneur, jour de colère et de vengeance, jour le dernier des jours, caché à tout le monde et connu seulement du Père, » quoique annoncé d’avance par des signes, des prodiges, la confusion des éléments, et le conflit des nations. Je déroulerais les prophéties si le Seigneur Dieu lui-même avait gardé le silence, je me trompe, si la prophétie n’était la voix de notre Seigneur. Mais il vaut encore mieux qu’il l’ait confirmée par sa propre bouche. Interrogé par ses disciples sur l’époque de la ruine du temple qu’il venait de leur annoncer, il leur met sous les yeux la suite des événements, d’abord ceux qui concernent les Juifs jusqu’à la destruction de Jérusalem, puis ceux qui regardent l’universalité des nations jusqu’à la consommation des siècles. En effet, après avoir dit : « Alors les Gentils fouleront aux pieds Jérusalem jusqu’à ce que soit venu le temps des nations, » c’