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la chair, qui n’est pas moins périssable, doit participer à sa résurrection.

Mais avant, il faut rendre à sa signification la propriété de ce mot. Puisque la résurrection se dit d’une chose qui tombe, c’est-à-dire de la chair, elle se dira également de ce qui est mort, puisque la résurrection des morts n’est que la résurrection d’un être qui a cessé de vivre. Ainsi, nous l’apprenons d’Abraham, ce père des fidèles, homme que Dieu honora de son auguste familiarité. Lorsqu’il demanda aux enfants de Cheth un lieu où il pût inhumer Sara : « Accordez-moi, dit-il, le droit de sépulture au milieu de vous, afin que j’ensevelisse le mort que j’ai perdu, » c’est-à-dire la chair. Supposé même que l’on crut alors à la mortalité de l’âme, et que le mot de mort pût s’appliquer à cette substance, Abraham eût-il demandé un espace de terre pour l’inhumation d’une ame ? Que si le mort c’est le corps, la résurrection des morts n’est donc pas autre chose que la résurrection des corps.

XIX. Outre que l’examen de l’inscription et de sa teneur conserve la signification légitime des mots, il aura de plus cet avantage que, confondant l’erreur de nos adversaires qui obscurcissent les choses les plus claires sous prétexte d’allégories et de figures, il fera prévaloir l’autorité de ce qui est plus manifeste, et réglera les choses douteuses d’après les plus certaines. Frappés du caractère de la langue prophétique, souvent, mais non toujours allégorique et figurée, que font-ils ? Ils détournent à un sens imaginaire la résurrection des morts que les prophètes annoncent clairement, pour soutenir que la mort elle-même doit s’entendre d’une manière spirituelle. « La vraie mort, s’écrient-ils, ce n’est pas cette séparation du corps et de l’âme qui se passe sous vos regards, mais l’ignorance de Dieu par laquelle l’homme mort à Dieu est enseveli dans ses ténèbres comme dans un tombeau. La résurrection qu’il faut défendre, c’est celle que l’homme reçoit lorsqu’après avoir pénétré dans le sanctuaire de la