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même un ange descendu du ciel vous annoncerait un autre Evangile que celui que je vous annonce, qu’il soit anathème ! » retombe sur les prestiges de Philumène, cette vierge d’Apelles. Il n’en faut point douter, quiconque nie « que le Christ soit venu dans une chair semblable à la nôtre, est un ennemi du Christ. » En déclarant que cette chair est une chair véritable, complète, et prise dans l’acception ordinaire de sa nature, on tranche toutes les disputes que l’on élève à ce sujet. De même, quiconque établit que le Christ est un, renverse les arguments de ceux qui, introduisant un Christ multiple, veulent qu’autre soit le Christ, autre Jésus ; autre celui qui s’échappa du milieu de la foule, autre celui qui fut arrêté ; autre celui qui se manifesta sur une montagne écartée, à trois témoins, au milieu d’une nuée brillante de lumière, autre celui qui, pour le reste des hommes, se montra sans gloire et homme de douleurs ; autre celui qui fut magnanime, autre celui qui trembla ; enfin, autre celui qui subit la mort, autre celui qui ressuscita, événement dont ils attendent, eux-mêmes leur propre résurrection, mais dans une autre chair. Heureusement que le même Christ qui a souffert « descendra des deux ; » ce même Christ ressuscité se manifestera à tous. « Ceux qui l’ont attaché à la croix le verront et le reconnaîtront, » oui, dans cette même chair qu’ils ont si cruellement déchirée, sans laquelle il ne pourra ni exister, ni être reconnu, afin de couvrir de confusion ceux qui affirment que cette chair repose dans le ciel, dépourvue de tout sentiment, et comme une sorte de fourreau dans lequel n’est plus le Christ, ou qu’elle est chair et ame tout à la fois, ou qu’elle est âme seulement sans être chair désormais.

XXV. Mais nous avons suffisamment traité de la matière présente. Il nous semble que nous avons démontré que dans le Christ la chair est née de la Vierge, et semblable à la nôtre. Cette discussion unique eût pu suffire, sans le conflit des différentes opinions qui se sont éle-