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a-t-il appelé le Christ de ce nom, s’il n’a pas été homme d’une substance terrestre ? Ici encore la sagesse me montre Dieu recouvrant, par une opération contraire, son image et sa ressemblance, dont s’était emparé le démon. Eve était vierge quand elle ouvrit son âme à la parole qui allait élever l’édifice de la mort. C’était donc aussi dans une vierge que devait descendre le Verbe de Dieu qui allait ; élever l’édifice de la vie, afin que le même sexe qui fut l’instrument de notre perte devînt l’instrument de notre salut. Eve crut au serpent ; Marie crut à Gabriel. Le péché qu’avait commis la première en croyant, la seconde l’effaça en croyant. Mais Eve n’a point conçu dans son sein par la parole du démon. Je me trompe ; elle a conçu. Car la parole du démon fut pour elle une semence fatale qui la réduisit à obéir dans la soumission et à enfanter dans la douleur. Enfin, elle a mis au monde un démon fratricide 4. Marie, au contraire, a engendré un Fils qui devait un jour sauver Israël, son frère selon le sang, et son meurtrier. Dieu fit donc descendre dans le sein de la femme son Verbe, frère miséricordieux, destiné à effacer le souvenir du frère parricide. Il fallait que le Christ sortît pour le salut de l’homme de la chair où était entré l’homme déjà condamné.

XVIII. Maintenant, pour répondre avec plus de simplicité, il ne convenait pas que le fils de Dieu naquît d’une semence humaine, de peur qu’étant tout entier fils de l’homme il ne fût point Fils de Dieu ; qu’il n’eût rien de plus excellent que Salomon, de plus excellent que Jonas, et qu’il ne fallût le croire tel que le dit Ebion. Ainsi, pour que celui qui était Fils de Dieu par la semence du Père, c’est-à-dire par son Esprit, fût également fils de l’homme, de la chair de l’homme, il ne devait prendre que la chair, et cela sans le concours de l’homme. Par conséquent, de même que n’étant point encore né de la Vierge