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de Valentin, dont s’appuie de temps en temps son étrange audace, comme s’ils venaient d’une autorité respectable, renfermons la discussion dans cette question unique : Jésus-Christ a-t-il pris sa chair dans le sein d’une vierge ? afin qu’il soit tenu pour certain que sa chair est véritablement humaine, si elle a été formée d’une substance humaine, quoique cette démonstration ait été clairement fournie ailleurs, et par le nom d’homme que portait cette chair, et par la nature de ses propriétés, et par le sentiment qu’elle a eu de ses souffrances, et par les douleurs de sa passion. Il faut donc justifier avant, tout la raison pour laquelle il était nécessaire que le Fils de Dieu naquît d’une Vierge. Celui qui allait consacrer un nouvel ordre de naissance a dû naître d’une manière toute nouvelle : Isaïe prophétisait que le Seigneur annoncerait par ; un signe cette merveille. Quel est ce signe ? « Voilà qu’une Vierge concevra et enfantera un Fils. » Une Vierge a donc conçu et enfanté Emmanuel, ou « Dieu avec nous. » La voilà cette naissance toute nouvelle, où l’homme naît dans Dieu, où Dieu est né dans l’homme, prenant une chair de semence antique, sans antique semence, afin de la régénérer avec une semence nouvelle, c’est-à-dire spirituellement, en lavant toutes ses souillures passées. Mais cette nouveauté tout entière, comme les autres événements, a été figurée par la loi ancienne, la sagesse éternelle nous préparant d’avance au mystère d’un Dieu naissant d’une Vierge. La terre était vierge encore ; la main de l’homme ne s’y était point fait sentir ; nulle semence n’avait été jetée dans son sein : c’est de cette terre que Dieu forma l’homme, ainsi que nous le lisons, un lui donnant une âme vivante. Que si le premier Adam a été formé de terre, il suit que le second, ou le nouvel Adam, comme parle l’Apôtre, a dû être produit par Dieu d’une terre, c’est-à-dire d’une chair de qui la pureté n’avait reçu nulle atteinte, et recevoir de lui l’Esprit qui vivifie. Mais, pour que ce nom d’Adam ne me devienne pas inutile, pourquoi l’Apôtre