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si sa chair n’est point humaine, si elle ne provient pas de l’homme (ce raisonnement s’adresse à tous les sectaires), je ne vois pas de quelle substance le Christ a entendu parler, quand il s’est déclaré homme et fils de l’homme. « Maintenant, dit-il, vous voulez immoler le Fils de l’homme parce qu’il vous dit la vérité. » ---- Le Fils de l’homme est le maître du sabbat. C’est de lui qu’Isaïe a dit : « Homme de douleurs et sachant supporter les infirmités. » Et Jérémie : « Il est homme, qui pourrait le reconnaître ? » Et Daniel : « Voici sur les nuées comme le Fils de l’homme. » Même langage de la part de l’apôtre Paul : « Jésus-Christ fait homme est le médiateur entre Dieu et les hommes. » Enfin, Pierre a dit aux Actes des apôtres : « Jésus de Nazareth, celui que Dieu vous a envoyé, et qui était homme par conséquent. »

Ces témoignages pourraient suffire, à titre de prescription, pour démontrer que la chair de Jésus-Christ était humaine et empruntée à l’homme, mais non spirituelle, semblable à l’âme, céleste, ou fantastique, si l’hérésie pouvait se dépouiller de son amour pour la dispute et des ruses qu’elle y apporte. Car, comme je l’ai lu dans quelque écrivain de la secte de Valentin, ils ne veulent pas d’abord que le Christ ait pris une substance humaine et terrestre, de peur que le Seigneur ne soit reconnu par là inférieur aux anges, qui n’ont pas eu de chair terrestre. Ensuite il faudrait, selon eux, que cette chair semblable à la nôtre, naquît comme la nôtre, « non pas de l’Esprit, ni de Dieu, mais de la volonté de l’homme. » Pourquoi est-elle née de l’incorruptibilité plutôt que de la corruption ? Pourquoi, de même que cette chair ressuscite et monte au ciel, la nôtre, qui lui est semblable, n’y retourne-t-elle pas incontinent comme elle ? Ou pourquoi cette chair, semblable à la nôtre, ne se dissout-elle pas comme la nôtre dans la terre ? Discours de païens, répondrons-nous ! Le Fils de Dieu s’est-il si profondément anéanti ? Et s’il est ressuscité pour servir de gage à notre espérance, pourquoi ne