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il nia sa mère et ses frères. Par le même motif qu’il adoptait ceux qui s’attachaient à lui, il répudia ceux qui s’en tenaient éloignes.

Notre-Seigneur « a coutume de faire ce qu’il enseigne. » Qu’eût-on pensé de lui si, au moment où il enseignait qu’il faut faire moins de cas de sa mère ou de ses frères, que de la parole de Dieu, il eût abandonné lui-même la parole de Dieu, aussitôt qu’on lui annonçait sa mère et ses frères ? Il a donc renié ses parents dans le même sens qu’il nous enseigne à les renier pour l’œuvre de Dieu. D’ailleurs, il y a là encore un symbole : la mère qui est absente figure la synagogue ; et les frères incrédules, les juifs. Israël restait en dehors dans leur personne. Au contraire, les disciples nouveaux, qui écoulaient dans l’intérieur de la maison, qui croyaient, et s’attachaient au Christ, représentaient l’Église, mère préférée, frères plus dignes, ainsi qu’il les appela, en répudiant la parenté de la chair. Enfin, c’est encore dans le même sens qu’il répondit à cette exclamation : « Il ne niait pas le sein qui l’avait porté, ni les mamelles qui l’avaient allaité ; mais il déclarait bien plus heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu. »

VIII. Ces passages, que Marcion et Apelles nous opposent comme une autorité puissante, interprétés par nous selon la vérité de l’Evangile, mais de l’Evangile entier et non corrompu, suffiraient à eux seuls pour prouver que la chair dans le Christ était semblable à la nôtre, puisque sa naissance est établie. Mais comme les disciples d’Apelles objectent surtout les bassesses de la chair qui, dans leur système, ayant pour principe l’ange du mauvais dieu qu’ils supposent tout de flamme, aurait reçu de lui des âmes déjà sollicitées à la révolte, d’où ils concluent que cette chair est indigne du Christ, et qu’il a dû emprunter la sienne à la substance des astres, je dois les combattre par leurs propres arguments. Ils font grand bruit d’un certain ange, fort renommé, qui aurait créé ce monde, et,