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époque, la tradition évangélique avait déjà circulé partout, à plus forte raison aujourd’hui. Or, si c’est notre doctrine qui a circulé au lieu de la doctrine hérétique, n’importe laquelle, la nôtre remonte donc aux apôtres eux-mêmes, tandis que celle de Marcion date des Antonins. L’Evangile de Marcion aurait beau remplir l’univers, il ne pourra jamais prétendre à une origine apostolique. L’origine apostolique appartient à celui qui le premier a rempli le monde de l’Evangile de ce même Dieu dont la prescience signalait ainsi cet événement : « Leur parole s’est répandue sur toute la terre ; elle a retenti jusqu’aux extrémités du monde. »

« Le Christ est l’image du Dieu invisible. » Nous aussi, nous soutenons que le père de Jésus-Christ est invisible. Nous savons que dans la loi ancienne ceux qui ont vu le Christ, si quelqu’un l’a vu au nom de Dieu, l’a toujours vu comme l’image de Dieu lui-même. Mais nous n’établissons aucune différence entre le Dieu visible et le Dieu invisible, puisque notre Dieu s’est défini ainsi autrefois : « Personne ne verra ma face sans mourir. » Si le Christ n’est pas « le premier-né de la création, en tant que Verbe du Créateur par qui tout a été créé et sans lequel rien n’a été fait ; si ce n’est pas par lui que tout a été créé dans le ciel et sur la terre, les choses visibles, comme les invisibles, les trônes, les dominations, les principautés, les puissances ; si tout n’a pas été créé par lui et pour lui, » (il y avait là nécessairement de quoi déplaire à Marcion, ) l’Apôtre n’eut pas dit si positivement : « Il est » avant tous. » Comment avant tous, s’il n’est pas avant toutes choses ? Comment avant toutes choses, « s’il n’est pas le premier-né de la création ? » s’il n’est pas le Verbe du Créateur ? Mais où sera la preuve que celui qui a paru après toutes choses a existé avant tous ? Accorde-t-on l’antériorité à un être dont on ignore l’existence ? De plus, comment « a-t-il trouvé bon que toute plénitude demeurât en lui ? » Quelle est d’abord cette plénitude, sinon celle sur