Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/405

Cette page n’a pas encore été corrigée

sont autre chose que les esprits de Satan. Ou si le démon est devenu le Créateur, quel sera son rôle vis-à-vis du Créateur ? De même qu’il y a deux dieux, y aura-t-il deux démons, ainsi que plusieurs puissances et princes du monde ? Mais comment le Créateur est-il à la fois dieu et démon ? Pas de milieu ! l’un et l’autre sont des dieux, si l’un et l’autre sont des démons. Ou bien, Dieu n’est pas le démon et le démon n’est pas Dieu.

Il y a plus. Cette dénomination de diable, en vertu de quelle délation conviendrait-elle au Créateur ? A-t-il dénaturé quelqu’une des secrètes intentions du dieu supérieur, comme l’archange le calomnia lui-même par un odieux mensonge ? Car, s’il avait interdit à nos premiers parents de goûter du fruit d’un misérable arbuste, ce n’était pas de peur qu’ils ne devinssent des dieux, mais par la crainte que la transgression ne leur donnât la mort.

« Les esprits de malice » dont parle l’Apôtre, ne signifieront pas non plus le Créateur, parce qu’il a ajouté, qui sont « dans les cieux. » Paul n’ignorait pas que les anges, en regardant du haut des cieux la beauté des filles de la terre, étaient tombés dans les œuvres de la malice spirituelle.

Mais que Paul n’eût combattu le Créateur que timidement et à travers je ne sais quelles énigmes, comment l’admettre ? Je le vois, « quoique chargé de chaînes à cause de la liberté de sa prédication, » annoncer néanmoins à l’Église la manifestation des mystères de l’Evangile avec une sainte fermeté qu’il conjurait, les fidèles de demander à Dieu pour lui.

XIX. Quelle que soit l’hérésie, j’ai coutume d’invoquer grièvement contre elle le témoignage du temps pour restituer à notre foi l’antériorité sur toutes les autres doctrines de l’hérésie. L’Apôtre va maintenant nous fournir cette démonstration : « A cause, dit-il, de l’espérance qui vous est réservée dans le ciel, et dont vous avez été instruits par la parole véritable de l’Evangile qui est prêché parmi vous, comme il l’est dans tout le monde. » Si, à cette