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« Quel esprit empêche-t-il d’éteindre ? Quelles prophéties empêche-t-il de mépriser ? » Ce n’est ni l’esprit du Créateur, ni les prophéties du Créateur, au jugement de Marcion. Ce qu’a décrédité son dieu, n’était-ce pas l’éteindre et le mépriser ? Peut-il empêcher qu’on n’éteigne ce qu’il a tenu pour vil ? Aujourd’hui il importe à Marcion de produire quel est dans son Église l’esprit de Dieu qu’il ne faut pas éteindre, quelles sont les prophéties qu’il ne faut pas mépriser. S’il essaie quelque prétendue manifestation, je le pousserai plus loin dans tout ce qui concerne le monde spirituel, la grâce prophétique et le don des miracles. Je le sommerai de m’annoncer l’avenir, de me révéler le secret des cœurs et de me développer ses mystères. Puis, quand il sera demeuré muet et impuissant, nous lui montrerons, nous, et l’esprit et les prophéties du Créateur d’accord avec lui-même. Par là sera constaté le sens des paroles de l’Apôtre. Il n’a pu entendre que les événements réservés à l’Église de ce dieu. Il existe ; donc son esprit opère, donc ses promesses sont annoncées.

A vous maintenant qui niez la résurrection de la chair et qui, s’il arrive à l’Ecriture de désigner ainsi le corps, cherchez dans ce mot tout autre je ne sais quoi que la substance de la chair ! Répondez. Pourquoi l’Apôtre distingue-t-il tous les hommes sous leurs substances nouvelles par des dénominations non équivoques ? Pourquoi les embrasse-t-il tous dans un seul et même vœu de salut éternel ? « Je souhaite que tout ce qui est à vous, l’esprit, l’ame et le corps, se conservent sans tache pour l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, notre Sauveur. » L’ame et le corps, entendez-vous ! substances non pas seulement doubles, mais dissemblables. En effet, quoique l’ame ainsi que l’esprit ait un corps particulier, toujours est-il que, dans le cas où l’ame et le corps sont nommés distinctement, l’ame a son nom spécial qui n’a pas besoin de l’expression générique de corps. Ce terme est réservé pour la chair qui, dans l’absence de sa dénomination caractéristique,