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apôtre annonce un Dieu qui juge, dans le Dieu qui juge un vengeur, et dans le vengeur un Dieu qui crée. Ainsi quand il dit : « Je ne rougis point de l’Evangile, parce qu’il est la force et la vertu de Dieu pour sauver tous ceux qui croient, le Juif et le Gentil ; c’est dans l’Evangile que nous est révélée la justice de Dieu, selon les différents degrés de notre foi. » Assurément l’Apôtre attribue l’Evangile et le salut au Dieu de la justice et non au Dieu de la miséricorde, pour ainsi parler, et d’après la distinction de l’hérétique. Il s’agit ici du Dieu qui fait passer les hommes de la foi à la loi antique, à la foi à l’Evangile, sa loi et son Evangile, par conséquent. Parce que « elle est révélée aussi la colère de Dieu venant du ciel contre toute l’impiété et l’injustice de ces hommes qui tiennent injustement la vérité de Dieu captive. » La colère de quel dieu ? toujours du Dieu créateur. Donc la vérité descend de celui qui luit descendre la colère pour venger la vérité. Il ajoute : « Nous savons que Dieu condamne selon la vérité. » Propositions qui se fortifient mutuellement. C’était prouver que la colère appartient à celui qui juge pour la vérité, et que la vérité émane du même Dieu dont le jugement atteste la colère. Tout devient inintelligible, si c’est le Créateur irrité qui venge la vérité d’un Dieu étranger que l’on relient captive.

L’intégrité du texte chrétien jettera la lumière sur toutes les lacunes que Marcion, par ses suppressions arbitraires, a introduites principalement dans l’épître dont nous parlons. Mais je ne veux que ce qu’il a épargné pour lui montrer son incurie et son aveuglement. Si, en effet, « Dieu doit juger ce qui est caché dans le cœur des hommes, » tant de ceux qui ont péché sous l’empire de la loi, que de ceux qui ont péché sans la loi, parce que ces derniers « ignorent la loi et font naturellement ce que la loi commande, » il est donc vrai qu’il faut reconnaître dans la juge le Dieu maître de la loi et de la nature, qui, pour les hommes étrangers à la loi, est la loi elle-même. Il jugera, mais