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Qui sont ces infidèles ? Les Juifs, à plusieurs desquels l’Evangile est caché sous le voile de Moïse. En effet, « à ce peuple qui l’aimait du bout des lèvres et dont le cœur était bien loin de lui, » Dieu n’avait-il pas adressé ces menaces : « Votre oreille entendra sans entendre, votre œil verra sans voir. Si vous ne croyez pas, vous n’aurez pas l’intelligence. J’enlèverai la sagesse des sages, je confondrai la prudence des prudents. » Etait-ce l’Evangile du dieu inconnu que Dieu menaçait ainsi de leur cacher ? Ce passage où le dieu prétendu de Marcion, quoique Dieu de ce monde, n’en aveugle pas moins les infidèles de ce monde, parce qu’ils ont méconnu volontairement le Christ, doit donc s’entendre des Ecritures.

Content de ma victoire, qu’il me suffise d’avoir enlevé à Marcion le bénéfice de cette équivoque. Toutefois j’ai une réponse plus simple et une interprétation plus naturelle pour détruire cette difficulté. Le Seigneur de ce monde : peut être le démon qui a dit, suivant le témoignage du Prophète : « Je deviendrai semblable au Très-Haut ; j’établirai mon trône sur les nuages. » Ne voyons-nous pas l’idolâtrie tout entière s’incliner devant ce maître qui aveugle le cœur des infidèles, et avant tout de l’apostat Marcion ?

Enfin le sectaire a fermé les yeux à cette conclusion de l’apôtre, qui se présentait à lui : « Parce que le même Dieu qui a commandé que la lumière sortît des ténèbres a fait luire sa clarté dans nos cœurs, pour la manifestation de sa connaissance dans la personne du Christ. » Qui a dit : « Que la lumière soit ? » Qui a dit au Christ destiné à éclairer le monde : « Voilà que je t’ai établi la lumière des nations assises dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort ? » Le même Dieu auquel l’Esprit répond, dans le Psalmiste, par sa prescience de l’avenir : « La lumière de votre personne, ô Seigneur, a brillé sur nous. » Cette personne de Dieu, qu’est-ce autre chose que le Christ notre Seigneur’ ! Voilà pourquoi l’apôtre dit plus