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l’expiation des péchés commis dans le corps, le royaume de Dieu, tandis que le corps, qui n’a été que son instrument, demeurerait éternellement dans la damnation ! Quand l’empoisonneur est absous, va-t-on châtier la coupe ? Toutefois, sans revendiquer pour la chair corruptible le royaume de Dieu, nous revendiquons pour sa substance la résurrection, comme la porte par laquelle on entre dans le royaume. La résurrection d’abord, ensuite le royaume. Ainsi nous disons que la chair ressuscite ; mais pour obtenir le royaume, il faut qu’elle se transforme. Car « les morts ressusciteront incorruptibles ; les morts, c’est-à-dire ceux qui avaient été corrompus par la mort et la dissolution de la chair. « En un moment, en un clin d’œil, nous serons changés ; car il faut que ce corps corruptible (l’apôtre parlait ainsi, encore investi de sa chair), soit revêtu d’incorruptibilité, et que ce corps soit revêtu d’immortalité, » afin que la substance humaine soit propre au royaume de Dieu. Telle sera la transformation de la chair ressuscitée. Qu’elle retombe dans le néant, comment revêtira-t-elle l’incorruptibilité et l’immortalité ? C’est donc sous sa forme nouvelle qu’elle obtiendra le royaume de Dieu. Ce ne sera plus alors de la chair ni du sang, mais toujours le corps que Dieu lui aura donné. Aussi l’Apôtre dit-il avec justesse : « La chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu ; » il n’accorde cette laveur qu’à la transformation qui suit la résurrection. Alors dans cet état s’accomplira la parole du Créateur : « O mort ! où est ta victoire et ton combat ? » Cet oracle fut inspiré au prophète par le Créateur. Donc le royaume et la prédiction qui s’accomplira dans le royaume n’ont qu’un seul et même maître. A quel Dieu l’apôtre rend-il grâces de nous avoir donné la victoire sur la mort ? A ce même Dieu qui a mis dans sa bouche celle apostrophe à la mort si insultante et si superbe.

XI. Si la superstition humaine a fait du mot Dieu un terme générique, en tant que la gentilité croit à l’existence