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avec une ame vivante ; le second Adam a été rempli d’un esprit vivifiant, » quoique le plus insensé des hérétiques n’ait pas voulu qu’il en fût ainsi ; car au second Adam, il a substitué le second Seigneur. Il craignait sans doute qu’en appelant du nom d’Adam le second Seigneur, nous ne revendiquassions aussitôt dans le second Adam le Christ du même Dieu qui avait formé le premier Adam. Mais le faux est ici évident. Pourquoi un premier Adam, sinon parce qu’il y a un second Adam ? Des choses ne prennent rang entre elles qu’à la condition de se ressembler, et d’avoir même nom, même substance, même origine. Que, parmi des choses de nature diverse, il y en ait une première et une dernière, je l’accorde ; du moins ne proviennent-elles pas du même auteur. Au reste, s’il existe un antre Créateur, on peut l’appeler le second. Toutefois, sa création reste la première ; elle n’est la seconde qu’autant qu’elle ressemble à la première. Or, comment ressemblerait-elle à la première, puisque l’identité d’origine lui manque ?

Le titre d’homme va servir également à convaincre le faussaire : « Le premier homme, dit-il, est le terrestre, formé de la terre ; le second est le Seigneur, qui vient du ciel. » Pourquoi le second, s’il n’est pas homme comme le premier ? Ou bien peut-il être le premier Seigneur s’il est le second ? Mais l’hérétique, appelant dans l’Evangile le Fils de l’homme du nom de Christ et d’homme, il ne m’en faut pas davantage pour le contraindre à confesser le Christ sous le nom d’Adam. La suite achève de le confondre. Quand l’apôtre dit : « Comme le premier homme a été terrestre, ses enfants sont aussi terrestres ; » donc, « comme le second est céleste, ses enfants sont aussi célestes. » Il ne pouvait pas ne pas opposer aux hommes terrestres les hommes célestes, afin de distinguer plus exactement dans cette communauté de nom la nature et les espérances. Il a raison d’assigner aux hommes célestes et aux hommes terrestres la même nature et la même espérance :