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déjà écrit dans la loi ancienne. Le don des langues atteste par ce souvenir que le Créateur devait parler en d’autres langues et par d’autres lèvres, et il est impossible que l’apôtre ait établi par sa prédication d’autre grâce que celle du Créateur. Lorsque l’apôtre dit encore : « Que les femmes se taisent donc dans l’église, s’agit-il même de parler pour s’instruire, » (au reste, il a montré plus haut qu’elles avaient le droit, de prophétiser, lorsqu’il leur enjoint de voiler leur tète pendant qu’elles prophétisent,) l’apôtre ne fait qu’emprunter à la loi ancienne la soumission imposée à la femme. Encore un coup, il n’a dû connaître cette loi que pour la détruire.

Au reste, laissons de côté la question des dons spirituels. Qui de nous a tort de les réclamer comme la propriété de son Dieu ? Peut-on les retourner contre nous ? Le Créateur les a-t-il promis dans la personne d’un Christ qui ne s’est pas manifesté, parce qu’il est destiné exclusivement aux Juifs, et qu’il faut à ces opérations leur temps, leur christ et leur peuple choisi ? Les faits eux-mêmes se chargeront de répondre. Que Marcion nous montre les grâces de son dieu, qu’il nous cite ses prophètes annonçant l’avenir et révélant les secrets du cœur, non pas à l’aide de la raison humaine, mais par l’inspiration de l’Esprit saint ; nous lui demanderons où sont chez lui les Psaumes, les visions, les discours spirituels composés dans l’extase ou dans les transports de l’ame, et enfin où est l’interprétation des langues. Qu’il me prouve que dans son Église une femme elle-même a prophétisé, et une de ses plus saintes femmes, alors je ferai grand cas de ses dogmes. Si, au contraire, je puis produire aisément tous ces titres dans une merveilleuse harmonie avec les règles, les plans et la discipline du Créateur, il n’en faudra plus douter, Christ, Esprit et apôtre, tous appartiennent à mon Dieu.

IX. Celui qui m’a demandé ma profession de foi l’a présentement. Le Marcionite toutefois ne produira rien de semblable. Il hésite à prononcer, que dis-je ? son christ n’