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nous ressuscitera dans notre chair, parce que le corps est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. Heureusement il ajoute : « Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres de Jésus-Christ ? » Que répondra l’hérétique ? Les membres du Christ ne ressusciteront-ils pas lorsqu’ils ne sont plus déjà les nôtres ? « Car nous avons été rachetés à un grand prix. » A un prix de nulle valeur, si le Christ a été un fantôme, s’il n’a pas été revêtu d’une chair réelle, afin de la livrer en échange de nos corps. Le Christ a donc eu de quoi nous racheter ; et s’il a racheté à grands prix ces corps qu’il ne faut plus prostituer à la fornication, attendu qu’ils sont les membres du Christ et non plus les nôtres, il ne manquera pas de sauver pour lui-même et intégralement une substance qui lui a tant coûté.

Maintenant comment l’honorer ? Comment porter Dieu dans un corps qui doit périr ? Il nous reste à traiter du mariage, qu’interdit Marcion, plus rigoureux sur ce point que l’apôtre lui-même. L’apôtre, en effet, tout en préférant la vertu de la continence, permet cependant l’union conjugale, en autorise l’usage, et conseille de rester dans ce lien plutôt que de le rompre. Mais, dira-t-on, le Christ proscrit toute idée de divorce, tandis que Moïse le permet. Marcion interdit tout commerce charnel à ses catéchumènes. À lui de voir si, en ordonnant la répudiation de la femme engagée dans le mariage, il se conforme à l’opinion de Moïse ou du Christ. Mais quand l’apôtre du Christ a dit : « Que la femme ne se sépare pas de son mari ; ou, si elle s’en sépare, qu’elle reste sans se marier ou qu’elle se réconcilie avec son mari, » qu’a-t-il fait ? D’abord il a permis la séparation, c’est-à-dire qu’il ne l’a pas entièrement empêchée ; il a confirmé la sainteté du mariage en défendant la séparation ; ou, s’il y a eu séparation, en voulant que les deux époux se réunissent. Mais quelles causes assigne-t-il à la continence ? « Le temps est court, » dit-il. J’aurais cru pour mon compte que c’était parce que le