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Les Marcionites concluraient-ils de ces paroles une affection secrète pour le judaïsme ? Paul commence par montrer que, par suite de leur respect pour la loi, ceux qu’il appelle « faux-frères, introduits par surprise, » et ne cherchant qu’à maintenir la loi, sans doute par une foi entière au Créateur, agitaient seulement la question de la Circoncision. Ils pervertissaient donc l’Evangile, non par l’interprétation de quelques textes favorables à un Christ fils du Créateur, mais par la conservation de l’ancienne loi, tant ils respectaient cette loi du Créateur. Aussi l’apôtre dit-il : « Quoiqu’il y eût de faux frères qui s’étaient introduits par surprise, et qui s’étaient glissés parmi nous pour observer la liberté que nous avons en Jésus-Christ, et nous réduire en servitude ; néanmoins nous ne leur cédâmes pas, même pour un moment, et nous refusâmes de nous assujettir à leurs exigences. » En effet, examinons avec quelque soin le sens et son motif : nous saisirons bientôt en quoi était corrompue l’Ecriture. L’apôtre commence par dire : « Mais on n’obligea point Tite qui était avec moi, et qui était gentil, à se faire circoncire ; » puis il ajoute : « Et quoiqu’il y eût là de faux frères, etc. » Il débute par rendre compte d’un fait contradictoire, et il explique les motifs de sa détermination ; ce qu’il n’aurait ni fait, ni expliqué, si la circonstance qui l’a fait agir n’eût pas eu lieu.

— « Eh bien, répondez ! si de faux frères ne s’étaient pas glissés par surprise parmi eux pour observer la liberté qu’ils avaient en Jésus-Christ et les réduire en servitude, ils auraient donc cédé ? » —Je ne l’imagine pas. Ils cédèrent parce qu’il se trouvait là des hommes dont le salut réclamait celle condescendance. Il fallait venir au secours d’une foi grossière encore, et incertaine si la loi antique demeurait en vigueur. L’apôtre d’ailleurs ne craignait-il pas « de travailler ou d’avoir travaillé inutilement ? » Ces faux frères qui tendaient des pièges à la liberté chrétienne, durent donc être