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pour que retourner à celui-ci, ce fût embrasser un autre évangile. En ajoutant qu’il « n’y avait pas d’autre Evangile, » l’apôtre fournit une nouvelle preuve à la vérité qu’il défend. En effet, le Créateur a promis par la bouche d’Isaïe l’Evangile nouveau : « Va, monte sur la montagne, toi qui évangélises Sion ; élève la voix, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. » Il s’adresse ainsi la personne de ses apôtres : « Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui évangélisent la paix, de ceux qui annoncent à Sion la promesse des biens ! » De ceux qui prêchent l’Evangile aux nations, sans doute. « Les nations placeront leur espoir dans son nom. » Quel est ce nom sacré ? Celui du Christ, auquel il a dit : « Je t’ai établi la lumière des nations. »

—Cet Evangile, quel qu’il fût, dès que l’apôtre le défend, appartient au dieu nouveau.

—Mais voilà deux évangiles créés au profit de deux divinités contraires ; l’apôtre a donc été un imposteur quand il a déclaré « Il n’en existe pas d’autre, » puisqu’il y en a un second ; ne pouvait-il pas établir par d’autres démonstrations l’existence de l’Evangile, sans affirmer qu’il n’y en avait pas d’autre ?

—- Aussi l’apôtre se hâte-t-il d’ajouter : « Quand un ange venu du ciel vous annoncerait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! » Il savait que le Créateur lui-même évangéliserait. —Ici tu ne fais que t’embarrasser davantage ; te voilà pris à tes propres filets. Affirmer l’existence de deux évangiles n’est pas d’un homme qui vient de déclarer qu’il n’y en avait qu’un. Et cependant les paroles d’un homme qui s’est mis en avant lui-même sont claires. « Quand nous vous annoncerions vous-même, ou qu’un ange descendu du ciel vous annoncerait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! » Il a parlé ainsi pour servir d’exemple ; d’ailleurs, s’il ne devait pas lui-même évangéliser autrement, un ange ne le