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Il y a plus. Si parmi ces majestés précaires, il ne peut se rencontrera la fois plusieurs puissances souverainement grandes, et qu’il doive en surgir une suréminente, solitaire, sans doute qu’au ciel il y aura exception pour ce Roi des rois, couronnement de toute élévation, grandeur sans seconde, source inépuisable d’activité et de puissance qu’il communique à des degrés divers. Prodigieuse démence ! comparez un à un ces monarques subalternes, chefs indépendants dans leur empire, et placés au-dessus de rois inférieurs qui relèvent de leur volonté ; opposez la richesse à la richesse, la population à la population, l’étendue à l’étendue ; force vous sera, après cet examen, d’en couronner un seul, et de précipiter tour à tour du rang suprême ces pouvoirs confrontés l’un à l’autre : tant il est vrai que considérée isolément et dans chaque individu, la suprême grandeur peut bien apparaître multiple, mais qu’en vertu de sa nature, de ses facultés et des lois qui la régissent, elle est unique. De même si vous placez en regard l’un de l’autre deux dieux, comme deux monarques égaux, comme deux êtres souverainement grands, il résultera invinciblement de votre confrontation logique que la majesté souveraine ira se confondre dans un seul être, et que l’un des deux, grand, si vous le voulez, sans toutefois posséder la souveraine grandeur, cédera la prééminence à son rival. Qu’arrive-t-il alors ? Le concurrent une fois annulé, il se fait autour du vainqueur une solitude immense. Il domine sans égal, il règne dans sa sublime unité. Vous ne vous arracherez jamais à cet enlacement inextricable : Ou il vous faut nier que Dieu soit l’être souverainement grand ; blasphème qui ne sortira jamais de la bouche du sage ; ou il vous faut reconnaître que Dieu est incommunicable.

V. Deux êtres souverainement grands ! La sagesse a-t-elle jamais imaginé un pareil système ? Si vous admettez deux êtres souverains, je vous demanderai d’abord, pourquoi pas plusieurs ? La substance divine ne paraîtrait-elle pas plus