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Et moi, je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité je fais ces choses, » il rend le mal pour le mal.

« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Qu’entend-il par là ? Tout ce qui ressemble au denier de César, c’est-à-dire son image, sa ressemblance. Il veut donc que l’on rende au Créateur l’homme, sur l’image, la ressemblance, le nom et la substance de qui il a gravé son empreinte. Que le dieu de Marcion cherche une monnaie sur laquelle il ait des droits. C’est au légitime César, et non à un étranger, que le Christ rend le denier de l’homme : on ne rend rien à qui n’a rien perdu. Un principe juste et raisonnable veut que dans toute question. le sens de la réponse se rapporte au but de l’interrogation. D’ailleurs, répondre une chose à qui vous en demande une autre, est le fait de l’extravagance. Loin du Christ, à plus forte raison, ce qui ne sied pas même à l’homme.

Les Sadducéens, qui niaient la résurrection, interrogeant le Seigneur sur celle matière, lui avaient proposé un exemple emprunté à la loi, celui de cette femme qui avait épousé successivement les sept frères, suivant les prescriptions mosaïques, et les avait tous perdus. Auquel d’entre eux appartiendrait-elle au jour de la résurrection ? Telle était la matière de la controverse ; telle était la nature de la demande. C’est à elles que le Christ dut nécessairement répondre. Il n’avait à redouter personne pour paraître ou décliner la difficulté, ou à son occasion soulever des voiles qu’il n’entrouvrait point ailleurs. Il répondit donc : « Les enfants de ce siècle épousent des femmes. » Tu vois avec quelle justesse par rapport au sujet en litige. Comme il s’agissait du siècle à venir où il allait déclarer que le mariage est inconnu, il établit d’avance que le mariage existe ici-bas ou l’on meurt, mais que les hommes jugés dignes par Dieu de posséder la résurrection d’entre les morts, ne se marient point là-haut. « Ils ne peuvent plus mourir, ajoute-t-il, parce qu’ils sont devenus semblables