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l’homme tout entier soit sauvé ; alors s’évanouit l’opinion des hérétiques, qui nient la résurrection de la chair. Il est donc le Christ du Créateur, puisque ses promesses étaient conformes à celles de son Père, qui créa l’homme tout entier.

La parabole des serviteurs jugés selon qu’ils avaient fait valoir l’argent du maître, est une nouvelle preuve que Dieu est un juge, et un juge rigoureux, qui, non content de récompenser, enlève le talent que l’on croyait posséder. Ou bien me représente-t-il le Créateur comme un homme sévère, « qui demande ce qu’il n’a point donné et moissonne ce qu’il n’a point semé ; » là encore celui qui m’instruit, c’est le maître du trésor qu’il m’apprend à faire valoir.

XXXVIII. Le Christ savait d’où venait le baptême de Jean. Alors pourquoi le demander comme s’il l’ignorait ? Il savait que les pharisiens ne lui répondraient pas ; alors pourquoi les interroger en vain ? Voulait-il les juger par leur propre bouche ou par leur cœur ? Que sa conduite serve donc d’excuse au Créateur et de comparaison avec le Christ ; puis, considère ce qui serait arrivé si les pharisiens avaient répondu à sa demande. Je suppose qu’ils eussent répondu : « Le baptême de Jean vient des hommes, » ils auraient été lapidés sur-le-champ. Quelque Marcion se fût levé contre Marcion : « O le Dieu de toute bonté ! se fut-il écrié. O dieu qui procède par d’autres voies que le Créateur ! sachant que l’homme irait se précipiter dans l’abîme, il l’a placé sur la pente de l’abîme. » N’est-ce pas ainsi en effet que l’on calomnie le Créateur au sujet de l’arbre de la loi ? Qu’ils répondissent au contraire : « Il vient du ciel. » « Et pourquoi donc n’y avez-vous pas cru ? » aurait répliqué le Christ. Par conséquent, celui qui voulait que l’on crût à Jean prêt à blâmer ceux qui n’y croiraient pas, était l’envoyé du Dieu dont Jean administrait le sacrement. En tout état de cause, lorsque, sur le refus de déclarer ce qu’ils pensaient, il leur oppose ces représailles : «