Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/305

Cette page n’a pas encore été corrigée

était pas ce rejeton destiné à fleurir sur la racine de Jessé, ce germe sorti de David, et la lumière des aveugles ? Mais il n’y avait pas encore à cette époque, du moins je l’imagine, des aveugles pareils à Marcion, pour que telle fût la foi de cet aveugle quand il s’écriait : « Jésus, fils de David ! » Le Dieu qui se connaissait et voulait être connu de tous comme tel, récompensa par la vue extérieure la foi de cet homme, plus clairvoyante que la tienne, et déjà en possession de la lumière véritable, afin de nous apprendre en même temps et la règle et la récompense de la foi. Que celui qui aspire à voir Jésus, le croie fils de David par la Vierge sa mère.

Quiconque ne croira point ainsi n’entendra point cette parole de sa bouche : « Votre foi vous a sauvé. » Par conséquent, il restera plongé dans un éternel aveuglement, celui qui se précipite dans des antithèses qui se détruisent elles-mêmes. Ainsi, en effet, « un aveugle a coutume de conduire un aveugle. » Car s’il est vrai que les aveugles rebelles, figure de la nation aveugle qui devait un jour répudier le Christ, fils de David, ayant offensé David en s’opposant à sa rentrée dans Sion, le Christ, par opposition, soit venu au secours d’un aveugle pour attester par là qu’il n’était pas le fils de David, et se montrer le protecteur de ces mêmes aveugles que David livrait à. la mort, pourquoi, demanderai-je, déclare-t-il qu’il l’a guéri à cause de sa foi, et même d’une foi erronée ? Disons mieux. Le fils de David est encore ici tout entier, et l’antithèse se réfute par elle-même. Sans doute, des aveugles avaient insulté David. Aujourd’hui voilà qu’un homme du même sang se présente en suppliant devant le fils de David. Voilà pourquoi le fils de David apaisé en quelque façon par la satisfaction qu’il recevait, rend la vue à l’Hébreu, avec un témoignage honorable pour cette foi qui avait cru qu’il était nécessaire de calmer la colère du fils de David. Toutefois c’était la malice des aveugles, et non leur infirmité, qui avait offensé David.