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Achias et consommé par Jéroboam, qui établit les dissidents dans Samarie. D’autre part les Samaritains se plaisaient toujours aux montagnes et aux fontaines de leurs pères, comme nous le prouve, dans l’Evangile de Jean, la Samaritaine qui s’entretient avec le Seigneur auprès du puits de Jacob : « Assurément, je vois que vous êtes plus grand, etc. » Et ailleurs : « Vos pères ont adoré sur cette montagne » et vous dites qu’à Jérusalem est le lieu où il faut adorer. » Ainsi celui qui avait dit par Amos : « Malheur à vous qui vous confiez en la montagne de Samarie, » daignant dès-lors la réhabiliter elle-même, ordonne à dessein au lépreux de se montrer aux prêtres, qui n’existaient que là où était le temple, soumettant le Samaritain au Juif, parce que de la tribu de Juda devait sortir le salut de l’Israélite et de la Samaritaine. En effet, c’est à la tribu de Juda qu’appartenait tout entière la promesse du Christ, afin que la terre sût qu’à Jérusalem étaient et le sacerdoce, et le temple, et le berceau de la religion, et la source du salut, et non le puits.

Voilà pourquoi, à peine eût-il vu que les lépreux avaient compris que la loi devait s’accomplir à Jérusalem, déjà justifiés par la foi, il les guérit sans le concours des prescriptions légales. L’un d’eux se sentant guéri, retourna sur ses pas, reconnaissant de la faveur divine. C’était le Samaritain. Le Seigneur, touché de cette reconnaissance, ne lui ordonne pas d’offrir le présent que demandait la loi, parce qu’il l’avait déjà suffisamment offert en rendant gloire à Dieu. A ce prix, la loi était satisfaite : ainsi l’interprétait le Seigneur.

Mais à quel dieu le Samaritain rendit-il gloire, puisque l’Israélite lui-même n’avait point appris jusqu’à ce jour à connaître d’autre dieu ? A quel autre, sinon au dieu qu’avaient remercié tous ceux qu’avait guéris le Christ par le passé ? Aussi entend-il cet oracle : « Votre foi vous a sauvé, » parce qu’il avait compris que son offrande, c’est-à-dire son action de grâces envers le Dieu tout-puissant,