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donc mérité d’être confirmée par la voix célestes qui leur ordonna d’écouler celui qu’ils avaient reconnu, « évangélisant la paix, annonçant le bonheur, promettant un séjour éternel, et préparant les degrés du ciel. » Mais ces mots, prononcés dans les enfers : « Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent ! » ont retenti pour ceux qui ne croyaient pas, ou qui ne croyaient qu’à demi aux supplices que Moïse el les prophètes annoncent après la mort à l’orgueil des richesses et aux délices du monde ; supplices décernés par le même Dieu « qui renverse les puissants de leur trône pour y placer l’indigent qu’il tire de son fumier. » Conséquemment, les deux déclarations, quoique différentes, n’en convenant pas moins au Créateur, il ne faut pas en conclure une différence entre le Christ et le Créateur, mais une différence d’objets.

XXXV. Puis, se tournant vers ses disciples : « Malheur, dit-il, à celui par qui le scandale arrive ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne fût pas né, ou que l’on attachât à son cou une meule de moulin et qu’on le jetât dans la mer, plutôt que de scandaliser un de ces petits ! » Juge de la rigueur du supplice qu’il lui destine ; car ce n’est point un Dieu étranger qui vengera le scandale donné à ses disciples. Reconnais donc en lui le juge et l’ami qui s’occupe du salut des siens avec la même tendresse qu’autrefois le Créateur : « Qui vous touchera, touchera la prunelle de mon œil. » Une même compassion provient du même auteur. Si notre frère vient à pécher, il nous ordonne de le reprendre : y manquer, c’est faillir, on par haine, afin que notre frère persévère dans sa faute, ou par acception de personne, en l’épargnant mal à propos lorsqu’il est dit dans le Lévitique : « Tu ne haïras point ton frère en ton cœur ; mais reprends-le publiquement, afin que tu n’aies point péché contre lui. » M’étonnerai-je de cet enseignement dans la bouche de celui qui a dit : « Si tu rencontres le bœuf ou l’âne de ton frère, égaré, tu ne passeras pas outre :